Monsieur le brocanteur,
Vous m’avez remis il y a quelques jours, contre monnaie sonnante et trébuchante, l’une des molaires en or de Jules César. Certificat à l’appui, vous m’en avez attesté l’authenticité. Connaissant l’admiration sans bornes que je voue à ce grand homme, vous m’avez également déclaré pouvoir disposer sous peu des lentilles de vue qu’il aurait offertes à Cléopâtre.
Sur base de l’avis de mon dentiste et de mon ophtalmologue, je doute de votre honnêteté. En effet, ces derniers m’ont respectivement affirmé que de tels implants en or n’existaient pas au premier siècle avant Jésus Christ et que les lunettes de vue ne sont apparues que vers 1200 de notre ère, ne parlons dès lors pas des lentilles.
Eu égard à ces éléments, je me vois dans l’obligation d’annuler cette transaction et vous serai gré de me rembourser la somme de 350 € que vous m’avez demandée, je devrais dire extorquée, bien que je vous accorde un léger bénéfice du doute, subodorant chez vous un penchant mythomaniaque lié à un irrépressible besoin de faire rêver le chaland.
Toutefois, faute de recevoir en retour la somme susmentionnée sur le compte BE 26 00157111129, je me verrai dans l’obligation de vous arracher au moins une dent. À ma décharge, je ferai valoir, en cas de poursuite, le dicton « œil pour œil, dent pour dent ». Appréciez dès lors votre chance de ne m’avoir cédé également le cadeau de l’empereur à sa bien-aimée.
Dans l’attente de votre versement rapide, recevez Monsieur le brocanteur, mes salutations.
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