Elle s’appelait Germaine et c’est par l’entremise d’André qu’elle me fut présentée.
Alors que j’avais à peine treize ans, tous deux forgèrent en moi les premières images de désirs charnels que j’allais bientôt partager, dans l’intimité des champs et au creux des bois, loin des yeux et du jugement des bien-pensants, de ceux-là mêmes qui condamnèrent mon prétendu sulfureux ami au même sort que Flaubert et Baudelaire.
Incompris, il en mourut de chagrin. Vierges de ces expériences envoûtantes, ces ignorants ne pouvaient concevoir l’appétit d’un gourmet de la vie qui transmute en poésie ce que ces incultes qualifièrent de vulgaire.
C’est André qui, au travers du verbe, éveilla tous mes sens. Il fit naître par sa plume les premiers soubresauts de ces envies inavouables qui quittèrent le papier pour prendre vie dans ma réalité d’adolescent timide et d’homme en devenir.
C’est « Maimaine », issu de son imagination, qui m’initia en secret aux plaisirs du corps. Experte, elle dépucela d’abord mon mental de petit provincial pour laisser place au désir brut ; pour s’investir en moi afin de s’incarner ensuite en Hélène, en Anne, en Patricia, en ces femmes que je voulais elles aussi joyeuses, heureuses, insouciantes, mais surtout lourdes et lentes, à la recherche d’un plaisir animal partagé, sans promesse de lendemain.
Aujourd’hui, je rêve de redécouvrir avec mes deux amis la volupté enchanteresse du désir naïf des premiers baisers, des premiers regards troublés, des premières odeurs ensorcelantes.
Qu’ils en soient remerciés.
8 octobre 2016. Hommage à André Hardellet pour « Lourdes Lentes » à l’occasion des 10 ans de la Plume Francophone.