Facteur, voilà un métier qui inspire une certaine déférence par l’usage intrinsèque et direct de sa dénomination lorsqu’il suit le mot « bonjour ».
On ne dit jamais bonjour garagiste, bonjour vitrier, bonjour épicier, bonjour fromager, bonjour bijoutier. On se contente au mieux d’un simple « Bonjour Monsieur » à l’exception des curés et policiers pour qui il est d’usage de présenter ses respects par un » Bonjour Monsieur le Curé » ou » Bonjour Monsieur l’agent « .
Ne nous attardons pas sur les cas particuliers des avocats et du corps diplomatique pour lesquels « Cher Maître » et « Excellence » sont respectivement de mise. Il s’agit d’exceptions.
Docteurs en médecine, gradés de l’armée et de la police ainsi que facteurs sont de ces rares professions pour laquelle la dénomination sans article suit directement le nom lors des salutations.
C’est là me direz-vous le principal sinon unique facteur commun qui caractérise ces métiers fort différents. C’est tout à fait vrai. Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
J’ai connu un colonel, un commissaire et un médecin qui, bien qu’étrangers l’un pour l’autre, habitaient le même quartier. De par leur proximité géographique, ils partageaient bien sûr ce facteur linguistique spécifique mais aussi un autre. Il s’appelait Léon et lorsqu’ils le rencontraient, tous le saluaient d’un confraternel « Bonjour Facteur », sans avoir conscience du lien profond qui les unissait.