Plaisirs redondants

Comme une voyante lui avait prédit à l’avance l’échec de son mariage, Antoine l’avait reporté à une date ultérieure.

Épouser la belle Josiane était pourtant une opportunité à saisir mais il opposa son veto à de quelconques vœux, conforté désormais dans l’idée du danger potentiel qu’une telle union représentait.

Josiane n’avait en effet jamais su s’autogérer elle-même. Elle travaillait comme secrétaire dans une société qui importait des gadgets de l’étranger. Elle était tellement stressée par ce travail qu’elle perdit ses cheveux, ses vrais cheveux et du se couvrir d’une fausse perruque.

Toujours sans le sou, des collègues charitables se cotisèrent à plusieurs pour lui payer ce parement capillaire. Harcelée depuis lors par son patron qui lui cherchait continuellement des poux, elle démissionna de ses fonctions car, selon elle, il était impossible de continuer à collaborer ensemble. 

Dépressive suite à ces événements, elle avait souhaité plusieurs fois se donner la mort en se suicidant, comme par exemple en choisissant de se jeter du toit d’un haut gratte-ciel. Mais elle n’en eut pas le courage et prit alors un revolver à barillet et visa sa tempe. Heureusement il s’agissait de fausses balles à blanc.

Le pire pour Antoine, était surtout qu’elle voulait avoir le monopole exclusif de son amour. Ce bon garçon n’était certes pas séduisant mais il ne faut pas se fier aux apparences extérieures. Il savait faire s’esclaffer de rire la gente féminine qui aimait à écouter ses plaisanteries comiques et qui en retour lui faisait don gratuit de quelques plaisirs libidineux. Il fut ainsi surpris un jour à l’improviste, avec la voisine sur laquelle il lorgnait depuis longtemps. Comme il y avait déjà eu des précédents par le passé, il eut droit à un tollé de protestations. Josiane cria fort et lui claqua bruyamment les portes au nez, lui répétant plusieurs fois qu’elle seule faisait tout pour optimiser au maximum leur amour. Celui lui faisait dresser ses cheveux sur la tête.

Depuis cet événement, elle le talonnait de près et exigeait d’être avertie à l’avance du but final de toutes sorties sujettes désormais à autorisation préalable. Il eut beau invoqué un taux d’alcoolémie élevé, lui dire que ce n’était qu’un petit détail dans leur vie de couple, un mauvais cauchemar, que plus jamais il n’inventerait de faux prétextes, qu’elle ne devait pas se baser sur des illusions trompeuses, que c’est un hasard imprévu qui avait fait en sorte qu’il se retrouve dans une telle situation, rien n’y fit.

Il se dit qu’une période de temps serait nécessaire pour oublier, qu’il faudrait la reconquérir par étapes successives puis qu’ensuite ils continueraient encore leur chemin à deux. Après quelques semaines, il lui proposa de partir en voyage et réserva même à l’avance un superbe hôtel à la côte, afin qu’ils fassent de longues marches à pied le long des dunes de sable, sous un ciel constellé d’étoiles, à la recherche d’un nouveau consensus commun, d’une unanimité totale de sentiments qui permettrait à leur amour de retrouver son apogée maximum. Une dépense somptuaire qui ne changea en rien la situation.

Il se trouva alors devant une double alternative. Soit il continuait dans de tels méandres sinueux, soit il redevenait le principal protagoniste de sa vie.   

Il commença d’abord par faire un tri sélectif parmi tous les sentiments qu’il avait pour Josiane. Considérant que sa seule et unique qualité était sa capacité à mitonner lentement de bons petits plats, il comprit qu’il n’y avait aucune perspective d’avenir avec elle. Il décida alors qu’un retour en arrière s’imposait et il la quitta donc.

Au jour d’aujourd’hui, il applaudit des deux mains sa décision même s’il regrette toujours au fond de lui que Josiane mourut d’une hémorragie sanguine en se coupant les veines.

Cette histoire, d’une triste banalité, sans intérêt, tant stylistiquement que sur le fond, nous rappelle surtout que les mots ont plaisir à collaborer ensemble, se marier ensemble, que ce soit lors de courtes allocutions ou de longs discours, par des répétitions redondantes appelées pléonasmes. Il y en est ainsi dans ce court texte qui n’en compte pas moins de soixante-neuf que vous retrouverez en italique à la page suivante.     

Didier Joris

16 octobre 2017

Les 69 plaisirs redondants

Comme une voyante lui avait prédit à l’avance l’échec de son mariage, Antoine l’avait reporté à une date ultérieure.

Épouser la belle Josiane était pourtant une opportunité à saisir mais il opposa son veto à de quelconques vœux, conforté désormais dans l’idée du danger potentiel qu’une telle union représentait.

Josiane n’avait en effet jamais su s’autogérer elle-même. Elle travaillait comme secrétaire dans une société qui importait des gadgets de l’étranger. Elle était tellement stressée par ce travail qu’elle perdit ses cheveux, ses vrais cheveux et du se couvrir d’une fausse perruque.

Toujours sans le sou, des collègues charitables se cotisèrent à plusieurs pour lui payer ce parement capillaire. Harcelée depuis lors par son patron qui lui cherchait continuellement des poux, elle démissionna de ses fonctions car, selon elle, il était impossible de continuer à collaborer ensemble

Dépressive suite à ces événements, elle avait souhaité plusieurs fois se donner la mort en se suicidant, comme par exemple enchoisissant de se jeter du toit d’un haut gratte-ciel. Mais elle n’en eut pas le courage et prit alors un revolver à barillet et visa sa tempe. Heureusement il s’agissait de fausses balles à blanc.

Le pire pour Antoine, était surtout qu’elle voulait avoir le monopole exclusif de son amour. Ce bon garçon n’était certes pas séduisant mais il ne faut pas se fier aux apparences extérieures. Il savait faire s’esclaffer de rire la gente féminine qui aimait à écouter ses plaisanteries comiques et qui en retour lui faisait don gratuit de quelques plaisirs libidineux. Il fut ainsi surpris un jour à l’improviste, avec la voisine sur laquelle il lorgnait depuis longtemps. Comme il y avait déjà eu des précédents par le passé, il eut droit à un tollé de protestations. Josiane cria fort et lui claqua bruyamment les portes au nez, lui répétant plusieurs fois qu’elle seule faisait tout pour optimiser au maximum leur amour. Celui lui faisait dresser ses cheveux sur la tête.

Depuis cet événement, elle le talonnait de près et exigeait d’être avertie à l’avance du but final de toutes sorties sujettes désormais à autorisation préalable. Il eut beau invoqué un taux d’alcoolémie élevé, lui dire que ce n’était qu’un petit détail dans leur vie de couple, un mauvais cauchemar, que plus jamais il n’inventerait de faux prétextes, qu’elle ne devait pas se baser sur des illusions trompeuses, que c’est un hasard imprévu qui avait fait en sorte qu’il se retrouve dans une telle situation, rien n’y fit.

Il se dit qu’une période de temps serait nécessaire pour oublier, qu’il faudrait la reconquérir par étapes successives puis qu’ensuite ils continueraient encore leur chemin à deux. Après quelques semaines, il lui proposa de partir en voyage et réserva même à l’avance un superbe hôtel à la côte, afin qu’ils fassent de longues marches à pied le long des dunes de sable, sous un ciel constellé d’étoiles, à la recherche d’un nouveau consensus commun, d’une unanimité totale de sentiments qui permettrait à leur amour de retrouver son apogée maximum. Une dépense somptuaire qui ne changea en rien la situation.

Il se trouva alors devant une double alternative. Soit il continuait dans de tels méandres sinueux, soit il redevenait le principal protagoniste de sa vie.  

Il commença d’abord par faire un tri sélectif parmi tous les sentiments qu’il avait pour Josiane. Considérant que sa seule et unique qualité était sa capacité à mitonner lentement de bons petits plats, il comprit qu’il n’y avait aucune perspective d’avenir avec elle. Il décida alors qu’un retour en arrière s’imposait et il la quitta donc.

Au jour d’aujourd’hui, il applaudit des deux mains sa décision même s’il regrette toujours au fond de lui que Josiane mourut d’une hémorragie sanguine en se coupant les veines.

Cette histoire, d’une triste banalité, sans intérêt, tant stylistiquement que sur le fond, nous rappelle surtout que les mots ont plaisir à collaborer ensemble, se marier ensemble, que ce soit lors de courtes allocutions ou de longs discours, par des répétitions redondantes appelées pléonasmes. Il y en est ainsi dans ce court texte qui n’en compte pas moins de soixante-neuf.