En souvenir d’Edith

Edith n’avait rien d’une pute.
Si elle ne voulait pas paraître pour une fille de rien,
le genre qui se fait sauter pour trois fois rien,
elle aimait cependant se faire aimer un rien,
elle qui pensait n’être qu’une rien du tout
qu’une bonne à rien.
Un soir qu’elle n’avait rien à faire
Elle rencontra Albert qu’un rien habille
même son costume un rien trop grand
et il en tomba amoureux comme un rien
lorsque, entrouvrant son chemisier, comme si de rien n’était,
elle lui dit l’air de rien :
« Il fait un rien trop chaud chez vous.
Je reprendrais bien un petit rien de champagne.
Oh, trois fois rien vous savez.
Il est de ces petits riens qui rendent la vie si agréable.
Mais, qui ne risque rien n’a rien.
On n’a rien sans rien, n’est-ce pas.
Enfin, je dis ça, je dis rien. »
Un rien timide,
lui qu’un rien pouvait effrayer,
Albert parvint toutefois comme rien à la faire rire,
elle qui semblait s’amuser de petits riens.
Il réussit comme un rien à lui dégrafer son soutien.
et en un rien de temps, explorera son corsage.
Rien à dire, une vraie biche.
Pour rien au monde, il n’aurait voulu louper çà.
Il apporta ensuite un rien de bonheur dans la vie d’Edith et
il s’en fallut d’un rien qu’ils se marient,
mais comme elle faisait des histoires pour rien,
se froissait pour rien,
Albert finissait lui aussi par se formaliser pour un rien,
à se fâcher pour un rien.
« En six mois, tu ne m’as offert qu’une bague, rien que ça !
C’est vraiment rien du tout.
Notre amour ou rien, c’est la même chose. » lui dit-elle un jour.
« Tu parles ! Une bague pour rien ouai !
Une bonne femme comme toi, c’est pas rien !
Pour moi aussi, tu n’es plus rien !
Mais ce ne fait rien car notre histoire fut belle.
Ce n’est rien, restons amis ». Répondit-il.
Ils se quittèrent alors comme si rien ne s’était passé,
en se disant mutuellement : « Merci pour tout » suivi d’un poli « Mais de rien »
et Edith chanta alors de son côté : « non, rien de rien, non je ne regrette rien. »