Gérald en avait marre d’être le porte-voix de Nicolas,
le fameux représentant des sans voix
qui lors des élections lui apportèrent leur voix.
Tant de gens lui donnèrent leur voix
qu’il ne fut pas question de partage des voix.
Cet illustre politicien souffrait de manière chronique d’extinction de voix.
Il avait beau éclaircir sa voix,
toujours il restait sans voix
ou alors parlait à voix basse
avec une voix de fausset
et trainait la voix.
Nicolas parlait donc à voix haute
par la voix de son cousin Gérard,
car lui savait poser sa voix.
Après quelques mois, Gérard en eut marre de lui prêter sa voix.
Un matin, il éleva la voix
et de vive voix,
des larmes dans la voix,
il dit, à Nicolas, d’une voix altérée,
qu’il en avait assez de donner de la voix.
C’en était assez des effets de voix
Il voulait faire choeur à voix égale
et par fidélité à la voix du sang,
parler d’une seule voix.
Nicolas, face à cet éclat de voix,
tenta sans succès d’enfler la voix,
et lui dit à mi-voix,
d’une voix blanche,
tant la voix lui manquait
« Tu n’as pas voix au chapitre.
Tu n’as même pas voix consultative.»
Viré, Gérald en eut la voix brisée
et resta à jamais sans voix
Le pauvre porte-parole aurait dû maîtriser sa voix
et comprendre que la voix passive
vaut parfois mieux que la voix active.