Ma coiffeuse hellénique

J’ai la chance d’avoir encore quelques cheveux épars, surtout au bas de la nuque. Cet état de non-calvitie totale m’offre toutes les trois semaines le plaisir de me rendre chez Koula, ma coiffeuse.

Koula est une femme pétillante dont les origines grecques, proches de Thessalonique, ont bercé l’ADN d’une capacité d’écoute et d’interprétation de la vie que seuls les philosophes de son pays d’origine ont léguée au monde à l’avènement de notre civilisation.

Sa perception de l’univers est faite de bon sens et de sens commun. Nulle problématique, qu’elle soit économique, sociale ou politique ne peut trouver de solutions auprès de son approche basée sur une analyse simple de causes à effets.

Ce huis clos quasi mensuel me permet de canaliser interrogations et émotions les plus sensibles qui, au gré d’un shampoing et d’une coupe de cheveux et sourcils, trouvent réponse les plus manifestes.

Je me suis souvent demandé d’où venaient les connaissances de Koula.

De toute évidence de son ADN hellénique. Sans doute aussi des revues people qu’elle parcourt avec critique entre deux rendez-vous. Mais surtout, je pense, d’un profond sens de l’écoute et d’une capacité d’intégrer les histoires de chacun sans poser aucun jugement, mais en reliant ces parcours de vie et en y trouvant une cohérence qui explique le monde actuel et futur.

L’idéal, lorsqu’on écrit, est d’avoir des cheveux, car il n’est de meilleur lieu pour remettre en question ses certitudes qu’un salon de coiffure, idéalement à la gérance hellénique.