Voici une histoire que je tiens de première main.
C’était un homme de main
peu aidé par la main du destin.
Lors d’une attaque à main armée,
Il voulait faire main basse
sur des bijoux de seconde main
faits main qui,
remis en mains propres,
venaient de changer de mains
Pour mettre la main sur le pactole,
il mit donc la main à l’ouvrage
mais, trop vieux, il n’avait plus la main.
Il fut pris la main dans le sac
et se retrouva les mains vides.
Il jura, la main sur le cœur,
n’avoir donné qu’un coup de main,
n’avoir travaillé qu’en sous-main
prêtant simplement la main à ses copains.
Né avec deux mains gauches,
un poil dans la main droite,
il n’avait jamais eu la main sur son existence.
et avait été très jeune tenu en main
par un grand-père violent qui l’avait à sa main.
Ils en virent d’ailleurs aux mains
et il n’eut pas la main légère.
À mains nues, il étrangla son aïeul
avec une corde qu’il avait sous la main.
Depuis, il avait été entre de mauvaises mains
et s’était sali les mains
en se faisant la main tôt
comme petite main.
En tombant aux mains de la mafia,
il avait eu les mains liées
par la main tendue de son parrain
pour qui il aurait mis sa main au feu.
Il n’avait donc malheureusement jamais eu les mains libres,
incapable de prendre sa vie en main,
de l’avoir bien en main.
Ce qu’il eut fallu, c’était, jeune, lui donner la main,
le prendre par la main,
lui tenir la main.
Il aurait alors géré son existence de main de maître,
main dans la main,
accompagné entre de bonnes mains.
Mais personne ne lui tendit la main.
Jamais quiconque ne demanda sa main
et aucun père ne lui accorda la main de son enfant.
Aujourd’hui, aux mains de la justice,
il disait vouloir réellement se reprendre en main.
Il n’eut guère, comme à l’habitude, la main heureuse.
Le jury qui avait la haute main sur son sort,
mis la dernière main à sa destinée.
A main levée, les jurés n’y allèrent pas de main morte
et eurent la main lourde.
En un tour de main,
on lui trancha la main, la droite, celle du poil.
Le peuple applaudi des deux mains.
Dommage. Avec l’âge, il aurait dû passer la main
car, vraiment, trop vieux, il avait perdu la main.